Ne dit-on pas que « seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin (proverbe africain) » ? Cela s’est vérifié durant trois weekends du mois d’octobre 2022, lors des visites des personnes sinistrées suite au passage de la tempête Fiona dans la nuit du 16 au 17 septembre 2022 dans le secteur sud de la Basse-Terre en Guadeloupe.

 

Les visites des personnes sinistrées devaient s’effectuer dans trois villes (Goyave, Capesterre Belle-Eau et Basse-Terre), et sur quatre sites (Zac de l’Aiguille, Sainte-Marie, Marquisat et Rivières des Pères) qui avaient déjà reçu l’aide matérielle du SAAG (Secours Adventiste Archipel Guadeloupe). Cette mission nécessitait l’engagement de plusieurs binômes formés dans l’écoute des personnes pouvant présenter des symptômes de stress post-traumatiques. L’équipe de la Guadeloupe, composée de sept aumôniers, a reçu durant deux weekends le renfort de trois pasteurs formés en relation d’aide, de trois psychologues cliniciens et du responsable du Ministère de l’Aumônerie de l’Union des Antilles et Guyane Françaises. Cette collaboration inédite nous a permis de toucher environ soixante-dix personnes dans les villes de Goyave et Capesterre Belle-Eau.

 

La section de Rivière des Pères dans le chef-lieu de la Guadeloupe constituait un grand défi car la tempête y avait causé des dégâts indescriptibles et un homme emporté, corps et biens, par les flots déchaînés et retrouvé mort. Pour accomplir cette dernière mission, l’équipe de la Guadeloupe a reçu le renfort d’Aumôniers venus de la Guyane et de la Martinique, et l’accompagnement d’un intervenant exceptionnel en la personne de Dr Asnel Valcin (Formateur des Aumôniers de la Caraïbe francophone) qui a supervisé cette dernière action psychosociale et spirituelle.

 

En tant que responsable du Ministère de l’Aumônerie au sein de la Fédération des Eglises adventistes du 7ème Jour de la Guadeloupe, je tiens à remercier les administrateurs de cette Fédération ainsi que ceux de l’UAGF pour leur soutien logistique et les démarches effectuées pour la présence de Dr Asnel Valcin à nos côtés. Mes remerciements concernent, d’une manière particulière, les psychologues, les pasteurs aumôniers ou non de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Guyane qui étaient sur le terrain pour apporter un soutien inconditionnel aux sinistrés. Enfin, gloire à notre Dieu qui a rendu possible cette expérience remarquée et remarquable !

 

Marcel Alphonso

 

Directeur de l’Aumônerie à la Fédération des Eglises adventistes du 7ème Jour en Guadeloupe

Katia Fleurantin
Aumônier à l’Ecole la Persévérance de Cayenne en Guyane Française / Etudiante CPE Aumônier en Guyane française
Ce fut pour moi une expérience enrichissante, très belle et encourageante. Je sais maintenant que je peux être un outil efficace, auprès de ceux qui traversent des moments difficiles et être présente
pour eux. Ce moment avec les sinistrés fut une inspiration pour moi. Les Accompagnés et les aidés, être dans l’empathie et aussi mener une réflexion intense quant à la Toute Puissance de Dieu.

Kervi Sully
Professeur de Valeurs Bibliques à la Cité Scolaire de Rama en Martinique / Etudiant CPE

Offrir sa présence et son écoute à des personnes qui ont vécu un traumatisme dans leur vie pourrait sembler être simple et voire même sans grande importance, car peut-on mesurer la portée de cela dans la vie des individus.
Voire défiler sa vie, entendre le bruit des grandes eaux, les cris de personnes désemparées, et constater son impuissance ne laissent pas de marbre et ébranle profondément l’individu.
Comment se relever après cela et vivre le présent ? A travers ce soutien offert à ces personnes, ce fut une opportunité pour elles de recevoir un accueil inconditionnel où leur dignité est reconnue, et de trouver un sens à ce qu’elles vivent encore aujourd’hui. Car, comme le déclare les écritures, il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir (Actes 20 :35). Cette phrase trouve tout sens dans cette action d’offrir son soutien.

Jaëlle VALIAME-NOËL
Aumônier au Collège Adventiste de Lisette Moutachy / Etudiante CPE
J’ai eu l’honneur d’aller à la rencontre des habitants de rivière des pères et de recevoir leur parole.
Les souvenirs du cyclone sont vivaces et en parler, pour certains, fait encore très mal. Le bruit des pierres volcaniques se bousculant dans la rivière semblable au grondement du tonnerre, l’odeur de terre, l’obscurité de la nuit, l’eau destructrice qui s’invite sans frapper… ont laissé une empreinte indélébile. L’objectif de notre mission était de permettre à chacun de poser des mots sur les maux causés par cette expérience tragique. Des mots comme anxiété, isolement, peur, deuil et foi.
D’ailleurs, la prise de conscience de la providence divine joue un grand rôle dans le processus de guérison de l’individu qui en fin d’échange est capable de voir la main de Dieu au milieu de la tempête et dans sa vie. De plus, l’après-cyclone a réveillé un mouvement de solidarité et d’entraide qui allège le poids du traumatisme d’avoir tout perdu. Chapeau bas à tous ceux qui ont décidé de porter manœuvre.

Nahomie DAUBE : Aumônier à la Cité Scolaire de Boissard / Etudiante CPE
Esaïe AUGUSTE : Directeur de l’Aumônerie à l’Union des Antilles et Guyane Françaises / Etudiant CPE
C’est en fin de matinée que Mme B, cette femme de 80 ans partagea son récit avec deux aumôniers de passage dans son quartier, dans le cadre du projet de soutien psychosocial, émotionnel et spirituel, mise en place par l’UAGF.
C’est avec émotion, qu’elle nous relata ce qui se passa durant la nuit du 16 Septembre. Fatiguée par le poids des années et les conséquences des maladies chroniques. Elle était seule, vulnérable et sans force quand l’eau fit irruption dans sa maisonnée. Le niveau de l’eau n’arrêtait pas de monter. Que faire ? Vers qui se tourner ? Son fils n’était pas présent ce soir-là. Allait-elle mourir dans la maison
que son père lui avait offerte ? Mais, c’est à ce moment, sans le secours d’aucune main qu’elle s’est retrouvée sur le plan de travail de sa cuisine. De là, les secours purent la sauver des eaux déchaînées.
Il est vrai que la tempête Fiona avait détruit le matériel de la maison de Mme B, cependant, ce miracle a consolidé sa foi en Dieu.